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Libération

Les nuits de la pleine coupe

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publié le 19 octobre 2005 à 4h08

Vingt-deux heures, lundi, dans le quartier des Halles à Paris. La petite rue Coquillière est déserte, boutiques et bars ont fermé. Seule une devanture allumée... A l'intérieur, c'est frénétique. Sèche-cheveux en action, cliquetis des ciseaux et sol couvert de mèches. Le salon de coiffure Look Maachine est bondé.

Un homme, costume chic et cheveux gris, mire son crâne dans une glace. «Ah, moi, je suis satisfait», sourit-il. Agent administratif à la retraite, Alain n'est pas homme à croire «au paranormal». Comme la dizaine de clients tassés dans la boutique, il sait aussi que «scientifiquement, rien n'est prouvé». N'empêche, «les faits sont là», dit-il en montrant son brushing. «Avant, je perdais mes cheveux par paquets. Depuis que je les fais couper à la pleine lune, je n'en perds plus un seul.»

Voilà donc la raison de cette activité. Ce lundi soir, la lune se trouve sur un parfait alignement soleil-terre. Son globe rond et clair est visible en entier. Et serait responsable, selon la croyance populaire, d'importants effets sur les marées, moissons, accouchements, loups-garous... Et sur la repousse capillaire.

Djélani Maachi, coiffeur à Paris depuis le milieu des années 70, pratique la coupe lunaire depuis vingt ans. Une initiative empirique. «Au départ, j'entendais des clientes parler de ça. Je me disais, elles sont folles, c'est juste un vieux dicton, raconte-il en attaquant une frange aux ciseaux. Je suis comme saint Thomas. J'ai besoin de voir pour croire. Alors j'ai essayé.»

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