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Libération

Parler pour ne plus boire

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publié le 19 novembre 2005 à 4h38

Plérin (Côtes-d'Armor), envoyé spécial.

Elle s'agite, tape des pieds, et des poings sur la table. Lance des invectives, se balance sur sa chaise. Ecrase clope sur clope. La quarantaine, elle est venue beurrée à cette «réunion ouverte» (à tous, ndlr) des Alcooliques anonymes de Plérin. L'un des quinze groupes de «AA» de Bretagne : «C'est la seconde région alcoolique de France, après Paris, dit Marcel, 68 ans (quarante et un de sobriété). Ici, on a le sel de la mer dans le sang. Et aussi du whisky et du vin rouge. Dans le coin, les soirées de libation, on appelle ça "aller en piste", mais ce n'est plus la soûlographie effroyable d'il y a vingt-cinq ans.»

Modérateur. 21 heures. Comme chaque mercredi et dimanche, un thème de discussion a été proposé par Gilles, 40 ans (un an d'abstinence), le «modérateur» du jour : la peur. Des petites pancartes sont posées sur la table : «Vivre et laisser vivre», «Pensez... Méditez... Pensez». Sous les lambris de cette salle communale, au pied du viaduc de la nationale 12, ils sont une douzaine à prendre la parole à tour de rôle, cinq femmes, sept hommes, de 40 à 75 ans. Un psy dit qu'il a trouvé la foi. Un employé de banque raconte son «angoisse d'envoyer paître les clients» quand il buvait.

Thierry, un jeune plombier (six mois de sobriété), a «toujours peur de reprendre le premier verre. Mais tout se passe bien depuis que je viens aux AA. Et madame est contente, c'est le principal». «Le premier verre ne devrait pas te faire peur car tu peux agir