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Libération

Une tête de suspect numéro 1 en quelques clics

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publié le 28 novembre 2005 à 4h41

Elle se tâte les mâchoires d'un air inquiet, puis cherche parmi le millier de formes de visage proposées par le logiciel. «Oh! là, là! C'est super dur», chouine la très jolie jeune fille avant de choisir, dans les «formes arrondies», le numéro 107. Les yeux ensuite, d'un clair très particulier, «hyper dur aussi», hésite Suzanne, 17 ans, aux prises avec une expérience en accès libre et gratuit autour de l'identité et de la représentation de soi tentée par l'artiste argentin Leandro Berra : dresser son propre portrait-robot sans miroir, en piochant dans l'ordinateur parmi des milliers de bouches, de paires d'yeux, de nez, de moustaches, de rides, de cicatrices. Puis le confronter avec son image réelle, telle que photographiée par l'artiste.

Logiciel d'Interpol. Ça se passe au sous-sol de la galerie Claude Samuel à Paris, sous le viaduc de l'avenue Daumesnil. Et le logiciel dans lequel Suzanne va se servir pour trouver son nez est celui d'Interpol, qui, dans la vraie vie, est utilisé à dresser des portraits-robots de vilains. On l'abandonne avec son appendice nasal pour aviser, un rien stupéfait, les photos avant (portrait-robot à l'ordinateur) - après (vraie photo) accrochées au mur. «C'est très marrant de voir la réaction des gens, s'amuse Leandro Berra : du même portrait, une vingtaine va dire "ça c'est super réussi", d'autres "c'est total raté". ça en appelle à une subjectivité qui colle à la vôtre ou qui vous fait horreur.» Ah, on a trouvé le nez, «il est super immense», se