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Libération

Ne plus fumer de brunes nuit gravement à la gauloise

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publié le 9 décembre 2005 à 4h54

La gauloise rétrécit. La nouvelle n'est pas nouvelle, elle n'a pas fait la une des journaux, mais le fait est aussi triste que vérifiable : la gauloise n'est plus ce qu'elle était. Certes, elle reste brune, reine des brunes, mais reine de plus en plus solitaire, de plus en plus rachitique. Vingt cigarettes plus loin, son paquet a lui aussi perdu en surface et en élégance. Sans jamais atteindre le diamètre arrogant de la défunte boyard, la gauloise entre deux doigts avait du muscle, pour ne pas dire une raideur virile, qui, par son diamètre satisfait ­ et conséquemment sa teneur en tabac fort ­, la différenciait des blondes effilées et diaphanes, ou de la gitane, cette mijaurée, brune pas fière de l'être et le plus souvent maquée à un insipide filtre. Car, disons-le tout net : il n'y a de vraie gauloise que brune et sans filtre.

Insulte au casque

Mais qui a ratiboisé la goldmuche ? Pour cause de fermeture définitive, le musée de la Seita n'est plus là pour le dire, ni même la manufacture des tabacs de Lille où on les fabriquait il n'y a pas encore si longtemps, car la production y a été arrêtée. Depuis que la Seita s'est acoquinée en 2005 avec son homologue espagnol Tabacalera pour devenir Altadis, les gauloises sortent désormais d'un atelier d'Alicante. L'Espagne est-elle coupable du subreptice rétrécissement de la cigarette préférée du poilu et de Jean-Paul Sartre ? Pas du tout.

C'est discrètement que, à la fin 1992, le diamètre de la gauloise est passé sans coup férir de 8,7