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Libération

Comment le SMS a changé la communication des sourds

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publié le 17 décembre 2005 à 5h00

Cette révolution-là est silencieuse, évidemment. Mais bien réelle. Jean-François, 33 ans, est sourd profond de naissance. Il ne peut plus se séparer de son téléphone portable. «C'est un enchantement. Avec les textos, mon handicap devient de moins en moins important.» Sur son mobile, Aurore, sourde sévère depuis ses 3 ans, reçoit des messages qui traitent d'une actualité brûlante : les garçons. «Très renfermée, exclue, pas intégrée» durant son enfance, cette joyeuse blonde de 21 ans a vécu le texto comme une libération. «J'en envoie entre 5 et 15 par jour.» Ils sont presque 500 000 comme ça en France : sourds sévères et profonds, et tous le disent, leur quotidien s'est profondément modifié quand la téléphonie mobile est arrivée.

On pourrait craindre le paradoxe, la mauvaise blague du portable pour sourds. Mais pour la communauté, les utilisations du mobile sont multiples, aussi nombreuses que les types de surdité existants. Il faut évidemment le vibreur, l'affichage du numéro, «pour ne pas passer trois heures à comprendre qui appelle». Reste le champion toutes catégories de la téléphonie sourde : le texto. «Les malentendants ont été les premiers à se l'approprier totalement», assure Jérémie Boroy, sourd de naissance et président de l'Union nationale pour l'insertion sociale des déficients auditifs (Unisda). Yanne, 50 ans, technicienne de laboratoire, a adopté «instantanément» ce moyen de communication «ô combien précieux», lien avec les deux communautés, sourde et entendante.