Appelons-la Sébastienne, puisque c'est ainsi qu'elle se surnomme lorsqu'elle joue. Elle a 3 ans et attend de pied ferme du Père Noël un «bébé garçon». Une demande simple et précise, puisque, jusqu'à présent, il n'existe que deux sexes. N'importe quel rayon jouets dispose d'un nombre conséquent de baigneurs et baigneuses, corps mou, jambes, bras et tête durs, à moins que ce soit l'inverse, couleurs de peau variées. Il y a bien l'un d'entre eux qui pourra faire office de garçon. Quoique... Comment savoir ? Ils sont tous emballés. Comment les déshabiller sans se faire taxer d'agresseuse sexuelle ?
A la Grande Récré, boulevard Poissonnière, à Paris, une jeune vendeuse, peut-être encore assez ignorante, nous informe péremptoirement qu'«avant 1 an, les bébés n'ont pas de sexe». Propos un peu décourageant pour qui cherche à comprendre ou satisfaire le souhait de Sébastienne. Dans un autre paradis des jouets, on se montre plus coopératif. Chez Corolle, il existe bien un Paul, «mais on est en rupture de stock». Sur l'emballage, il est écrit : «Nous buvons le biberon, nous faisons pipi, nous allons au bain.» La capacité à digérer puis uriner indique que le baigneur est sexué. «Anatomiquement correct», précise-t-on dans le catalogue. Une mention plus explicite est la plupart du temps bannie des fabricants de jouets. Un sexe sans fonction n'est pas envisagé.
Aux Deux Tisserins, petit magasin de jouets réputé du Ve arrondissement parisien, on indique que cette absence de précision sur l