Ils se sont caché leurs vêtements jusqu'au jour dit. Se sont redécouverts en tenue de gala : costume bleu gris pour l'un, écru pour l'autre. Quatre-vingts personnes les attendaient, familles, collègues et amis, déjà émus, rien que de les voir ainsi, tous les deux, au pied des marches de la mairie. Direction : la salle des mariages. Le 5 novembre, Claude Chantereaux, 46 ans, et Stéphane Planchin, 34 ans, ont uni leurs vies solennellement en mairie du XXe arrondissement de Paris. Leur Pacs avait tout du mariage : témoins, discours, signatures, échanges de consentement, musique et flonflons. Seules manquaient les alliances. Claude voulait quelque chose de militant, Stéphane de plus intime. Dans son discours, l'adjointe a dit : «La mairie vous appartient.» Pour Claude, c'était l'aboutissement «de la lutte pour l'égalité des droits. Le citoyen homosexuel a enfin droit de cité». Stéphane a dit entre deux sanglots : «Je ne crois pas que ceux qui m'ont connu en culottes courtes pensaient me voir en costume un jour...» Ils montrent les photos, les yeux rougis de la mère, de la soeur, du beau-frère, des amis, et ils ne s'expliquent pas vraiment toute cette émotion : «Peut-être que les autres, les hétéros, considèrent que nous ne serons jamais tout à fait comme les autres. Ce jour-là, nous leur avons prouvé le contraire.» Ils ont fêté ça jusqu'à 5 heures du matin, et depuis, familles, amis et collègues jouent du lapsus : «Ah, ce mariage !»
Greffier. Juridiquement, c'est au tribunal d'in