Elle y tient, elle n'en démord pas. Elle veut «la piqûre». Elle le dit, le répète à l'interprète qui le rapporte au médecin. Cela dure depuis une dizaine de minutes. Ceinte d'un boubou aux poissons colorés, Mme C. est une femme tout en longueur et en finesse. Difficile d'imaginer qu'à 24 ans elle vient d'accoucher de son troisième enfant, il y a seulement trois mois. Elle vient à la consultation du Centre de protection maternelle et infantile du quartier d'Orgemont, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). «Pour la piqûre.»
Son mari est parti en Mauritanie, pour trois mois. Il revient bientôt. Elle veut absolument reprendre un moyen de contraception avant son retour. Une copine lui a parlé de la piqûre. En face d'elle, le docteur Salvar, qui assure les consultations de gynécologie, essaye de comprendre cette obsession. La piqûre, efficace pendant trois mois, est un moyen utilisé dans certaines circonstances bien particulières : par exemple, dans les cas d'hospitalisations forcées en psychiatrie. Mme C. s'explique : après son deuxième enfant, elle avait pris la pilule à heure fixe remboursée (le Microval), mais elle saignait beaucoup. Elle veut autre chose. Le stérilet ? «Non». C'est catégorique. «Le mari ne veut pas», souffle l'interprète : «On dit qu'on le sent pendant les rapports.» Mme C. n'a pas eu de règles depuis son accouchement. Le médecin s'inquiète : «On va s'assurer que vous n'êtes pas enceinte.» Mme C. sourit : «Mais je n'ai pas eu de rapport.» Le docteur Salvar pr