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Libération

Une expo au poil

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publié le 4 mars 2006 à 20h31

Vous pouvez toujours vous brosser. Jamais, de mémoire d'homme poilu, on n'avait vu autant de brosses en tout genre réunies sous un même toit, celui de la bibliothèque Forney, à Paris : 2 000 brosses et autres balais. Alexandre Vialatte aimait à philosopher sur la profondeur du plumeau, Daniel Rozensztroch et Shiri Slavin ont marié leur goût de la vie quotidienne pour thésauriser des brosses récoltées dans le monde entier. Ils avaient déjà jeté leur dévolu sur les cintres, mais les brosses c'est top, on gagne toujours au grattage.

Erotique. Qu'est-ce qu'une brosse ? Un manche d'un côté, des poils de l'autre et l'homme agitant le tout pour nettoyer, récurer, cirer, épousseter, frotter, caresser. Cela va du balai en chiendent à la brossette dentaire. La brosse a le bras long même quand il est court. Elle s'immisce partout : du coin à poussière au col du smoking, de la toile d'araignée du grenier à la poussière arachnéenne du guéridon amidonné. Son territoire est infini. La brosse brosse, c'est tout ce que sait faire ce boss de la domesticité. Le cinéma a depuis longtemps exploité les pouvoirs érotiques de la chose : du manche que l'on branle à la touffe de poils que l'on caresse, le balai et/ou la brosse est à lui/elle tout(e) seul(e) une figure du coït. Naguère le peintre brossait un paysage, à la bibliothèque Forney ce sont les brosses qui font le paysage. On les expose en tableaux de genre, on se croirait parfois dans une galerie hyper branchouille. Etonnant cet alignement de