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Libération

Des filles dans la fumée des narguilés.

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publié le 10 mars 2006 à 20h35

Ça n'est pas grand-chose, cinq filles qui sirotent un thé, nimbées des volutes de la chicha pomme (ce n'est pas du haschisch mais un mélange de tabac, de mélasses de fruits ou de fleurs). Mais c'est le signe du changement. Il y a deux ou trois ans, cette scène d'un café à narguilés parisien n'était pas si courante. On aurait sans doute assisté à une soirée bien différente. Avec un groupe de virils messieurs à la place des filles et quelques poufs mollassons pour remplacer les fauteuils clubs. Une télé allumée, suivie d'un oeil vague par la clientèle, aurait pu faire office de musique. Cette ambiance-là ressort encore de l'énorme majorité des cafés à narguilés français. Mais à Paris comme en province, une nouvelle odeur envahit progressivement les soirées chicha. Celle du décloisonnement.

Eléonore, une fanatique de la pipe orientale, devait faire preuve d'aplomb chaque fois qu'elle voulait s'adonner aux douceurs du tabac parfumé : «Tout était très masculin. A Paris, comme à Aubervilliers, où j'habite, la communauté maghrébine était seule à rentrer. J'y allais au forcing. Les filles arabes me disaient qu'elles n'auraient jamais osé.» C'est terminé. «On voit de plus en plus de lieux ouverts, moins communautaires.» La jeune femme est administratrice du siteFrancechicha.com. «Le côté exotique et un peu mystérieux du narguilé peut inquiéter et les nouveaux cafés-chicha s'appliquent à une ambiance plus cosy.»

Christophe Gagliano, heureux patron d'un café-chicha ouvert il y a trois mo