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Libération

SOS besoins urgents à satisfaire

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publié le 20 mars 2006 à 20h40

On n'oubliera pas qu'à l'origine «SOS» voulait quand même dire «save our souls», «sauvez nos âmes» donc, une demande qui ne se faisait pas à la légère. C'était l'appel, en morse, du navire échoué qui cherchait à échapper à son noir destin. Las! depuis l'avènement du téléphone, toute la solennité de cet appel au dernier secours s'est évanouie dans un fatras de noms d'entreprises à l'objectif bassement commercial. Une petite visite sur le site Internet des Pages jaunes suffit pour s'en rendre compte : les «numéros SOS» se sont démultipliés. L'urgence se crée pour tout et n'importe quoi. Annonçons pour l'exemple qu'à Lille et à Marseille il existe désormais deux numéros SOS Glaçons, prêts à vous livrer «glaçons, paillettes et pains de glace 24 heures sur 24».

Il n'en fut pourtant pas toujours ainsi. Aux premiers temps du téléphone régnait seul un triumvirat de l'urgence, sorte de trinité, de roi aux trois couronnes nommées SOS Plomberie, SOS Serrurier et SOS Electricité. Son existence ne souffrait pas de contestation, l'urgence à laquelle il répondait n'était pas feinte. Quel homme sans coeur ne comprendrait pas l'état d'angoisse exacerbée du pauvre hère qui se retrouve chez lui les pieds dans l'eau, dans le noir total et sans clés ? Devant l'affluence des demandes, plombiers, serruriers et électriciens créèrent donc des numéros SOS à la pelle, avant d'appeler à la rescousse leurs compagnons zingueurs, carreleurs et vitriers.

Et voilà alors que les pizzaiolos débarquent. Au milie