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Libération
Interview

« Habiter le patrimoine, vivre dans un ailleurs »

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publié le 24 mars 2006 à 20h43

Jouer à la princesse ou au meunier, transformer une serrurerie en loft informel ou une vieille école en maison de campagne... Outre l'attirance classique pour le beau château ou l'hôtel particulier, se développe un désir de lieux d'habitation a priori moins nobles, comme les usines, les ateliers, mais aussi des endroits dont le passé peut être tragique ; un blockhaus, par exemple. Le patrimoine n'est plus seulement oeuvre d'art ou but de visite, il est aussi lieu de vie. Explications de Maria Gravari-Barbas, géographe, professeur à l'université d'Angers, chercheur à l'UMR Espaces et Sociétés et directrice de la Fondation hellénique de la Cité internationale universitaire de Paris (1).

Comment interpréter ce désir d'investir le patrimoine ?

La notion de patrimoine englobe des lieux plus divers que les monuments historiques auxquels on faisait référence dans le passé. Surtout, on se trouve devant pléthore de lieux «patrimonialisables» : la désindustrialisation, la désaffectation de lieux occupés par l'industrie, le commerce, les chemins de fer, l'armée ou la marine, voire la religion, ont généré une multitude d'espaces susceptibles d'être utilisés par d'autres fonctions, y compris la fonction résidentielle. Cette tendance, entamée il y a plusieurs années par l'occupation des espaces commerciaux et industriels des centres-ville et leur transformation en loft, se poursuit par l'occupation de lieux de plus en plus atypiques, chapelles, moulins ou anciennes usines.

Que fait-on pour s