Elle se souvient des premières fois où elle s'est entendue appeler Sarah. «Une énorme sensation de liberté, un oxygène incroyable ! L'impression d'enfin choisir ma vie.» Sarah, 45 ans, responsable d'une entreprise de communication, est née Laurence. A 23 ans, elle a changé de prénom. «J'avais besoin de prendre mes distances avec un milieu étouffant. J'ai choisi un prénom juif pour garder un lien avec mes origines, tout en m'émancipant du poids des attentes et des traditions familiales.» Aujourd'hui, une bonne partie de l'entourage de Sarah ignore qu'elle fut un jour Laurence. Tandis que l'administration française, elle, méconnaît toujours l'existence de Sarah.
Impossible, du coup, d'estimer combien de personnes en France ont changé de prénom. Seule une petite minorité a recours à la procédure légale qui modifie l'acte de naissance et les papiers d'identité (lire ci-contre). «C'est une procédure bordée par un cadre très strict, explique Michel Apelbaum, avocat, qui a fait du changement de prénom une des spécialités de son cabinet. Il faut justifier d'un intérêt légitime, et les juges se montrent suspicieux face aux prénoms trop originaux. La plupart des gens préfèrent donc simplement habituer leurs proches à les appeler différemment, sans aller plus loin.»
Affirmer son identité
C'est le cas de Valéry, 38 ans, physionomiste dans une boîte de nuit gay, qui, à l'adolescence, a prévenu son entourage qu'il abandonnait Christian, son prénom de naissance. «J'étais un ado androgyne et g