Petite histoire. Une jeune femme fraîchement divorcée s'en va à la banque faire rétablir son nom de jeune fille. Le revoilà, mais affublé d'un «madame». Elle insiste pour qu'on lui rende aussi son «mademoiselle». L'employé lui dit que c'est impossible d'y revenir après avoir convolé. Elle est du genre qui mord. Elle ferme son compte et va l'ouvrir ailleurs. Au guichet d'en face, elle exige le M, le L, le L et le E devant son nom. «Naturellement mademoiselle», lui répond son nouveau guichetier.
Pas une bonne idée de supprimer le «mademoiselle». La bienséance d'antan le bannissait passé vingt ans. Le dragueur vieille école tente encore un «madame ou...?» histoire de voir si la voie est libre, mais l'air du temps en fait un tout autre usage. Jeune baisable ou vieille maquée, ça ne veut plus rien dire. Et si le «mademoiselle» sonne si doux aux oreilles des femmes, si elles aiment qu'il dure longtemps, c'est parce qu'il peut être flou. La vraie mademoiselle ne l'entendra même pas. Mais celle qui a franchi quelques étapes, un enfant... y sera très sensible.
«Mademoiselle» est moderne, parce qu'il accompagne celle qui n'aura pas qu'un seul homme, un seul toit, mais plusieurs vies. Il souligne la taille fine qu'elle s'échine à retrouver après le premier, le deuxième et parfois même le troisième enfant. Il va mieux avec son nom de jeune fille qu'elle continue de plus en plus souvent d'utiliser, même mariée.
«Mademoiselle», c'est le parfum de la salle de bains, encombrée d'anticernes, d'