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Libération

Le vent les portera

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publié le 28 avril 2006 à 21h03

C'est peut-être l'abus d'air marin qui l'a rendu ivre, peut-être aussi le vent qui lui fouette le visage depuis des heures. L'Anglais Fran Burstall, tranquillement calé dans son transat, contemple et décrit les cerfs-volants du ciel de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) avec un rare lyrisme. «Ah ! voir cette petite chose de rien flotter dans le ciel, 50 mètres au-dessus de soi ! Pouvoir la contrôler, pouvoir la faire danser ! C'est une part de soi qui fait corps avec le ciel, avec le vent.»Des mains abîmées par les cordelettes, une peau rougie par les heures de plein air, le sourire aux lèvres d'un bonheur naïf : l'homme arbore les signes extérieurs auxquels on reconnaît, sur les bords de la Manche, un cerf-voliste sans son instrument. Un cerf-voliste : comprendre un amoureux fou du cerf-volant de compétition, un type qui peut rester des heures entières la tête levée vers le ciel, le corps détrempé par la pluie, simplement pour faire voler son armature voilée ; un homme toujours prompt à offrir à l'admirateur de ses voltiges son temps, ses conseils, une gorgée de sa bière ou un coin de sa tente.

Moniteur de ski. En ce début avril, sur l'immense plage de Berck, ce sont les championnats du monde par équipe (1). Sous les dizaines de cerfs-volants gigantesques et multicolores, il y a là les meilleurs, des Japonais, Colombiens, Français, Argentins. Le front de mer sent la frite et la fête foraine. Perdu dans la foule, on retrouve facilement le cerf-voliste passionné : c'est celui qui r