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Libération

Visités dans leur for intérieur

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publié le 11 mai 2006 à 21h11

Michèle revoit régulièrement la scène, sous forme de flashs. «Il est 2 heures du matin. J'entends un grand bruit. J'ouvre la porte de ma chambre. Je tombe nez à nez avec un homme immense, une baraque, cagoulé. Il me dit : "C'est police, madame." J'entends encore sa voix.» Depuis son cambriolage, il y a un peu plus d'un an, Michèle, la quarantaine, chargée de communication, vit barricadée dans sa maison de l'Oise. Elle sursaute au moindre craquement, n'arrive plus à dormir sans prendre de médicaments. «J'ai dû appeler SOS Victimes et je vois encore un psychiatre, dit-elle. Ce qui est terrible, c'est que j'ai un trou de mémoire. Aucun souvenir entre le moment où je tombe sur eux en sortant de ma chambre, au premier étage, et le moment où je suis debout au rez-de-chaussée, les regardant partir...» Tous les jours, Michèle implore sa mémoire. «Je n'arrête pas de me demander : que s'est-il passé pendant cet intervalle, est-ce qu'ils m'ont fait quelque chose, est-ce qu'ils m'ont touchée ?»

«Dur à accepter». Carole Damiani, psychologue à l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (1), connaît bien les symptômes liés au traumatisme du cambriolage. «Les flashs, les insomnies, le sentiment d'insécurité permanente, énumère-t-elle. Lorsqu'il y a eu un choc important, on peut avoir une amnésie partielle... Ça n'est pas rare, mais c'est très dur à accepter.» La plupart des gens qui appellent l'aide aux victimes étaient présents au moment du cambriolage. «Ce sont les situations