Son mari dans un funérarium ? Allongé comme n'importe quel mort, coincé entre quatre murs «froids», baigné dans une lumière «artificielle» ? Pour Nelly, pas question. Michel, 75 ans, est mort à la maison, un jeudi, vers minuit. «Quinze minutes plus tard, j'ai sorti une paire de draps propres de l'armoire, et j'ai appelé les pompes funèbres pour qu'on l'installe dans la chambre.» Bien décidée à s'occuper de son mari elle-même, Nelly a choisi le plus beau costume de Michel et préparé son lit. Puis elle a écrit le faire-part avant d'aller se coucher.
Sourire. Son fils a rechigné à la laisser seule avec le corps. Nelly n'a pas compris ce qu'elle était censée craindre. La vieille dame voulait simplement rester avec son homme encore un peu. Quatre jours exactement. Le temps de lui dire au revoir. «Si Michel était parti tout de suite, je serais restée prisonnière de l'image atroce de son infarctus. Je ne pourrais plus regarder la salle de bains, où il est décédé, sans pleurer.» Deux mois après, Nelly se rappelle plutôt du sourire malicieux qu'elle croyait déceler sur le visage de son époux, dès qu'elle passait près du lit. «ça m'a aidée à tenir.» La veuve a donc veillé son homme, lui a parlé quelquefois, l'a regardé souvent. Les visiteurs se sont succédé. Chacun a eu son café. «On discutait dans le salon et on avait l'impression que Michel nous écoutait», raconte Nelly, heureuse de pouvoir aujourd'hui s'accrocher à ces derniers souvenirs réconfortants.
Commencer son deuil dans la mai