Fer à friser en mains, la mère se penche au-dessus des boucles de sa fille, prononce pour la vingtième fois les mêmes mots. «Tu chanteras bien, hein, en te concentrant, et avec ton coeur, hein ?» Partout, autour d'elles, la scène se répète, dans un foutoir de robes, paillettes, rubans et trousses de maquillage éventrées. «Tu ne laisseras pas tes mèches dans les yeux !»; «Tu diras bien "bonjour mesdames, mesdemoiselles, messieurs !"»
Il est 13 h 30, ce samedi 20 mai, soit une heure avant le début de l'élection de «Mini-miss France, mini-star», «l'événement» qui réunit 66 «jeunes filles» de 6 à 13 ans et leurs familles hystérisées dans une salle de spectacle parisienne. Sur un coin de la scène, une petite brune à la mine angoissée répète ses entrechats. «C'est une bonne expérience pour elle, apprendre à se mesurer à un public, dit la mère de Joana, 8 ans. On vient surtout pour participer, ajoute-t-elle, expliquant qu'elle a eu vent de l'élection via un site Internet de castings où elle a inscrit sa fille. Mais il paraît qu'il y aura des producteurs dans la salle...»
Choucroute. Dans les coulisses s'agite la marmaille endimanchée. «Quoi, tu sais pas ce que c'est qu'un podium !», lance une minuscule demoiselle d'honneur à une autre réplique de poupée Corolle. Une blondinette surmontée d'une impressionnante choucroute capillaire se mêle de la conversation : «Moi, des scènes, tu sais combien j'en ai fait ? Et ben j'en ai fait au moins vingt, alors...»
14 heur