Menu
Libération

La fureur de vivre manga au Kremlin-Bicêtre

Article réservé aux abonnés
publié le 29 mai 2006 à 21h23

La question se pose d'emblée, quand, au bout de même pas trente secondes, l'état d'hallucination du visiteur néophyte a déjà atteint les cimes : mais où est-on ? Au sud de Paris, juste après le périphérique de la porte d'Italie, comme le bon sens géographique voudrait nous le faire croire ? Ou bien plutôt mille fois plus loin, vers l'Orient, dans une mégalopole tokyoïte fantasmée, exclusivement peuplée des personnages mythiques de la culture populaire japonaise, gothic lolitas, princesses médiévales et combattants démoniaques ?

«Trop kawaii». Sans hésiter, on bascule vers la deuxième option. Viennent de passer, dans l'ordre, un blondinet de quinze ans au maximum qui porte beau le kimono ultra-ample ; un jeune type, longue perruque blonde et blouson teddy rouge, imitant à la perfection la gestuelle du héros du jeu vidéo Fatal Fury. Puis deux filles de 25 ans, vêtues de noir à la mode victorienne, vissées sur des platform shoes d'au moins dix centimètres de haut, qui clament partout que si elles adorent Dragon Ball Z, elles n'y peuvent rien, c'est simplement «trop kawaii» (1). Les repères esthétiques ou linguistiques auxquels on espérait pouvoir s'accrocher achèvent leur disparition à cet instant précis. Et l'on sombre dans l'univers d'Epitanime, convention amateur de «japanimation» qui s'est tenue le week-end dernier dans les locaux de l'école d'animation supérieure Epita, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).

En ce samedi après-midi, il y a ici 3 000 paires d'yeux, fatigués, peut