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Libération

L'eau coupée fait des vagues

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publié le 9 juin 2006 à 21h44

C'est l'histoire d'une boisson à l'eau minérale qu'on coupe... à l'eau déminéralisée, un peu comme le pâté d'alouette qu'on coupait à la viande de cheval. Elle a envoyé un médecin devant le tribunal de commerce de Nanterre, mercredi, pour diffamation (1).

Tout commence par une maladroite assertion faite sur un plateau de télévision. A la parution de son ouvrage, le docteur Jean-Michel Cohen, coauteur d'un Guide des aliments, fait sa promotion dans différentes émissions. Un soir, chez Fogiel, il décerne le prix de l'innovation «au gars qui a inventé l'eau minérale coupée à l'eau du robinet». Poilade généralisée sur le plateau. Sauf chez Ed, filiale discount du groupe Carrefour, qui vend le produit incriminé : une «boisson aromatisée à base d'eau minérale naturelle DIA» au citron-citron vert. Pour l'enseigne, la boisson vendue n'est pas faite à partir d'eau du robinet, et il faut assigner Jean-Michel Cohen en justice pour diffamation.

«48,4 % d'eau». Mais la composition de la boisson est pour le moins troublante. En décryptant son étiquette, on y trouve «50,4 % d'eau minérale naturelle, 48,4 % d'eau», le reste étant constitué d'arômes, de sirop, d'acidifiants ou de conservateurs. D'où provient alors cette «eau» qui coupe l'eau minérale ? Du robinet ? De la station d'épuration ? D'une source non homologuée ? Dans le doute, Cohen a émis une hypothèse : «Je me suis dit que c'était de l'eau du robinet, car finalement, l'eau du robinet est une eau potable.» L'hypothèse est fausse, d'