Une cheminée en cuivre et en pierre barre la pièce, on voit que l'architecte de cette maison bâtie à Cabris dans les années Eau Sauvage (60 -70) appréciait Frank Lloyd Wright. Sur son bureau aussi encombré de porte-mouillettes qu'un champ d'éoliennes, les esquisses du parfumeur Jean-Claude Ellena : le nouveau parfum auquel il travaille ces jours-ci. Un féminin joyeux. Jean-Claude Ellena est aux fragrances ce que Paul McCartney est à la pop music : un auteur de mélodies gracieuses, capable d'enregistrer un chef-d'oeuvre sur un quatre-pistes, en jouant lui-même de tous les instruments. «Que voulez-vous sentir ?» L'humus d'un sous-bois. Anne, la laborantine, lui donne deux fioles, patchouli et octene 1-OL-3. Une mouillette de papier dans chacune, qu'il juxtapose : éclat de rire, c'est bien l'arôme organique de la terre, et du feuillage décomposé, un petit documentaire forestier. Avec deux molécules, Ellena fabrique l'arôme du chocolat ou du panetone, avec trois celle du pain d'épices ou du Coca-Cola. C'est un illusionniste et le laboratoire étincelant de Cabris (Alpes-Maritimes), son dispositif de prestidigitation. Il dicte les formules, Anne, son assistante, pèse les ingrédients avec une balance Mettler, capable d'indiquer au milligramme près le poids d'une fourmi. Sur les deux carrousels d'extraits, pas plus de 200 ingrédients. Un minimaliste, Ellena. «Pour construire un parfum, je dois avoir tous les ingrédients en tête. Plus, je n'y arriverais pas.» Jean-Claude Ellena est c
Portrait
Odeur compositeur.
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publié le 26 juin 2006 à 21h33
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