C'est un des beaux paradoxes français. «En France, on consomme deux fois plus de psychotropes (1) que dans le reste de toute l'Europe, explique le professeur Bernard Bégaud, pharmacologue et président de l'université de Bordeaux-II. On pourrait se dire que ce n'est pas grave et qu'au final les gens sont bien pris en charge. Eh bien, non, une grande partie de ceux qui en ont besoin ne sont pas soignés.»
Habitude. C'est un rapport aussi passionnant qu'inquiétant, portant sur «Le bon usage des médicaments psychotropes» (2), qui a été présenté hier au Sénat. Jusqu'à présent, on avait l'habitude de dire que la France était le premier pays consommateur au monde de ces pilules de l'âme. Sans trop savoir ce que cela recouvrait. Premier constat : nous restons les champions du monde. Mais, comme si cela ne suffisait pas, le recours à ces médicaments s'est «banalisé». Aujourd'hui, un Français sur quatre déclare avoir consommé au moins un médicament psychotrope au cours des douze derniers mois. Et un sur trois en a déjà consommé dans sa vie, c'est-à-dire plus de 20 millions de personnes. Quand on entre un peu plus dans les détails, on apprend que, «après 60 ans, la moitié des femmes et un tiers des hommes en ont pris dans l'année». Les jeunes ? «Une fille sur quatre et un garçon sur cinq en ont consommé avant l'âge de 18 ans.» D'où ce chiffre monumental : «120 millions de boîtes de psychotropes ont été remboursées en France l'an dernier», a lâché la députée Maryvonne Briot (UMP). Or, en