La chance, Claire Mousset-Déclas la cultive. Patiemment. Cette chargée de recherche de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) sait en effet multiplier les trèfles... à quatre feuilles. Avec elle, inutile de scruter le gazon, en quête d'improbables accidents de la nature. Il suffit plus simplement d'un peu de terre et d'eau, puis d'attendre que ça pousse. Car les pieds de Trifolium mis au point par l'ingénieure agronome ont une forte propension à produire des brins porte-bonheur. «Une feuille pour la renommée, une feuille pour la richesse, une pour l'amour sincère, une pour la santé», affirme un vieil adage.
Secret. En 1998, l'Inra a cédé, sous licence exclusive, 450 de ces pots miraculeux à une société, qui se charge depuis de les préserver et de les reproduire par bouturage dans un lieu tenu secret. Carré de trèfles commercialise désormais le fameux trèfle en bouquet frais, séché et sous sachet, collé sur du papier, encadré, noyé dans une bulle de résine, en porte-clefs ou en bijou (1).
Mais attention, ni graine, ni pied ne figurent au catalogue. «C'est la rareté du trèfle à quatre feuilles qui lui vaut toutes ses vertus, souligne Patrick Guillouard, à la tête de l'entreprise. S'il se répand comme du persil, il va perdre de son charme.» Ironie du sort : avec 12 000 tiges vendues en 2005 et 150 000 euros de chiffre d'affaires, le marchand d'espoir basé à Châteauneuf-Val-de-Bargis, dans la Nièvre, peine encore à faire des bénéfices.