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Libération

Quand le poisson n'a plus la fibre écolo

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publié le 6 juillet 2006 à 21h52

Quand on pense bien faire, c'est loin d'être assez, voilà ce qu'il y a d'horrible avec l'écologie. C'est un douloureux chemin qui offre peu de compensations, si ce n'est la satisfaction morale d'oeuvrer pour les fameuses générations futures. Exemple : manger du poisson. On avait intégré le fait que la production de viande, en plus d'être cruelle quand elle est industrielle, boulottait trop de pétrole (il faut 7 tonnes d'or noir pour en produire une de barbaque, notamment pour cultiver les céréales dont se nourrissent les troupeaux).

Tout à notre conscience écolo, nous pensions bien faire en limitant notre conso de steaks et en nous rabattant sur les produits de la mer. D'autant que le poisson, ça rend intelligent. Et voilà que Greenpeace édite «à l'usage du consommateur responsable» un fascicule Et ta mer, t'y penses ? Là, tout tombe à l'eau. Crevettes, thon, cabillaud, flétan, saumon, raie, merlu, bar, toutes les espèces seraient inexorablement en voie d'extinction. Les stocks diminuent, les prises illégales se multiplient, juvéniles et femelles finissent trop souvent dans les filets, les quotas imposés par l'Union européenne semblent inopérants. Le poisson d'élevage ne constitue même pas une solution de rechange: il faut en moyenne 4 kg de poissons sauvages pour produire un kilo de saumon, de flétan ou de bar. Ça fait flipper.

En guise de (maigre) consolation, Greenpeace propose de consommer du poiscaille différemment. C'est-à-dire quasiment plus. On évite les