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Libération

«Nous, on a fait ça bien avant tout le monde».

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A Jette, près de Bruxelles, une artiste a recouvert les pavés de sable dès l'été 1983.
par Bernard de VIENNE
publié le 20 juillet 2006 à 22h01

Bruxelles correspondance

C'est à la mode dans les capitales européennes : déverser des tonnes de sable sur les quais, y planter des parasols. Ça s'appelle Paris Plage(s) depuis 2002 ou Bruxelles-les-Bains depuis 2003. Bertrand Delanoë a beau l'avoir médiatisé le premier (1) et Bruxelles avoir pris le train en marche, l'invention est plus belge que française : à Jette, commune limitrophe de Bruxelles, l'«anartiste» Aurore d'Utopie a créé Jette-sur-Mer l'été 1983. Un happening de trois mois, 10 000 à 15 000 visiteurs. La ruelle de son atelier, pavée et éventrée par des dunes, concrétisait un vieux slogan soixante-huitard. Nom du projet : Rêve dessous les pavés. Deux naïades en résine, hyperréalistes, bronzaient dans des transats, et des baffles passaient en boucle le bruit de la mer.

Un mois avant la quatrième édition de Bruxelles-les-Bains (2), Aurore d'Utopie a voulu rafraîchir les mémoires. Les 10 et 11 juin derniers, l'anartiste a remis ça. Dans le tunnel qui passe sous la voie ferrée longeant la ruelle, «on a fermé les égouts et ouvert les vannes des pompiers». Trente centimètres d'eau, bleue comme la Méditerranée grâce à un pigment. «A chaque fois qu'un train passait au-dessus, on diffusait un bruit de bateau.» La chaussée a été peinte en jaune, les murs du tunnel en bleu, 40 tonnes de sable ont été déversées (une paille : pour Bruxelles-les-Bains, c'est mille tonnes qui recouvrent les quais).On a installé des vendeurs de crevettes, bières, glaces, gaufres et