Tout le monde ne maîtrise pas le langage administratif. Bien que le ministère de la Réforme de l'Etat se soit engagé depuis dix ans à améliorer les relations entre usagers et administration, il reste du pain sur la planche. Un exemple ? Une lectrice a fait parvenir à Libération un courrier d'EDF qui a déclenché chez elle un sentiment d'humiliation, de méfiance, voire une suspicion de délation.
A la base, un impayé de 27,24 euros. Le courrier d'EDF indique brutalement : «En cas de difficultés financières, nous vous invitons [...] à prendre contact avec les services sociaux afin qu'ils déterminent si vous pouvez bénéficier d'une aide. Pour faciliter ces démarches, en application du décret n° 2005-971 du 10 août 2005, nous informerons, sauf opposition de votre part dans un délai de huit jours, le président du conseil général de votre département et le maire de votre commune des difficultés de règlement rencontrées.»
Coup de massue. L'abonnée à EDF, qui assure s'être acquittée du paiement, est doublement choquée. D'abord, parce qu'EDF la classe d'office comme mauvaise payeuse, sans chercher à comprendre ce qui a pu se passer. Ensuite, parce que la perspective de voir le président du conseil général et le maire informés de l'incident lui semble tout bonnement orwellienne.
Le décret invoqué par EDF s'apparente en réalité à un filet de sécurité pour usagers en grande difficulté sociale. Il précise que «la transmission des informations au président du conseil général e