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Libération

Le téléphone portable, outil antifâcheux

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publié le 25 juillet 2006 à 22h04

Et dire qu'on a attendu l'arrivée du téléphone portable pour pouvoir, enfin, parler tout seul dans la rue sans passer, au mieux, pour un être dans un état de bourritude avancée, au pis, pour un cas de démence sénile précoce. Certes, le téléphone mobile sert aussi à avoir des vraies conversations avec de vrais autrui, mais accessoirement, et l'auteur de ces lignes s'en félicite chaque jour. Car avec le téléphone portable, d'abord et avant tout, on a enfin l'accessoire indispensable pour faire le point tout haut avec sa personne, préparer l'engueulade avec sa mère, dire enfin tout ce qu'on a sur le coeur à son chef : on colle l'engin à l'oreille, à sa place donc, et on entretient une intéressante conversation dans le vide, sans passer pour un dingue dans la rue ou au café.

«Petites impostures». On pourrait presque affirmer que ce sont ceux qui parlent à un vrai humain, avec une oreillette plantée dans la tête et des gesticulations de dément, qu'on regarde d'un air inquiet. Usage isolé, ou usage courant chez nos contemporains utilisateurs du portable ? «Il semblerait que les usages postiches du mobile se multiplient, analyse Joëlle Menrath, chercheuse en sciences de l'information et de la communication (1). Au point qu'à une émission de radio à laquelle j'étais invitée la semaine dernière deux auditeurs sur six ont présenté ces petites impostures comme la véritable utilité du mobile.»

Ah ! Respira-t-on... On n'est donc pas seule à se servir du portable comme tactiq