«Monsieur, est-ce que les enfants ont réellement le droit de sauter dans l'eau ?» Le ton est excédé. Mais, avec un tel bonnet de bain sur la tête et des lunettes de natation aussi fines que des hublots, même les grincheux ont l'air comique. «Oui madame, tant qu'ils sautent en avant», tranche le maître nageur en faisant des moulinets avec les bras. La situation est sous contrôle. Le public doit respecter les règles de la toute nouvelle piscine flottante parisienne, posée sur la Seine comme un gros bateau, en face des jardins de Bercy (1).
Il y a tellement de monde ce matin-là que le bassin paraît minuscule. Vingt-cinq mètres de long, c'est pourtant honorable, mais la largeur n'excède pas quatre lignes d'eau. Les tours de la BNF se détachent dans le ciel quand on fait la planche. «J'aime bien être dans l'eau sur l'eau», confie une Parisienne qui a donné rendez-vous à une autre, «comme pour aller visiter un nouveau musée». Derrière la balustrade, de longues barges glissent sur la Seine. «C'est une autre façon de voir Paris», concède une nageuse émérite, déçue de ne pas pouvoir faire ses longueurs : des gamins flottent partout, l'obligeant à slalomer. Aucune démonstration de crawl puissant, les compétiteurs de haut niveau barbotent comme les autres. Pas non plus de remake d'Ursula Andress sortant de l'eau, le port du bonnet de bain est obligatoire.
«J'ai l'air d'un spermatozoïde», râle Lola, 18 ans, venue entretenir son bronzage. Elle doit