«Tu cocottes, Coco !» Que celui qui n'a jamais pensé ça d'un voisin de bureau nous jette le premier déodorant. Pas évident, pourtant, d'en faire la réflexion à l'intéressé, même en prenant des gants. Alors à qui, quand et comment dit-on la vérité à propos d'une haleine de putois, de pieds qui schlinguent, d'un nez morveux ? Valérie, Parisienne raffinée de 43 ans, joue la suggestion : «Moi je dis : "T'as un truc, là". Je ne cite pas nommément la crotte de nez ou le bout de salade entre les dents, je fais vaguement le geste, généralement ça marche.» Ariane, 32 ans, n'y va pas par quatre chemins : «Le plus souvent, qu'il s'agisse de proches ou de collègues, j'interviens carrément, j'enlève moi-même la miette sur la joue, je balaie les pellicules sur un veston. Je fais ça naturellement, les gens le prennent plutôt bien.» Mais quand le corps se lâche vraiment, difficile de sauter le pas de la franchise. Christophe André, psychiatre à Sainte-Anne à Paris, auteur d'Imparfaits, libres et heureux, pratiques de l'estime de soi (Odile Jacob), note «une hiérarchie dans la gêne liée au corps de l'autre. Il y a ce qui est facile à réparer, le bout de salade, le rouge à lèvres sur les dents. Et ce qui ne l'est pas comme une mauvaise odeur. On ne peut pas y remédier dans l'instant. Ce n'est donc pas agréable à dire ni à entendre».
«Hontomètre». C'est ainsi que Louise, 58 ans, aide-soignante dans une maison de retraite à Lyon, s'est défilée : «J'ai une c