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Libération

Docteur à domicile et à deux cents à l'heure

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Trouver la bonne porte, entrer chez les gens, poser un diagnostic et repartir vers un autre patient... Vanessa, 33 ans, enchaîne les visites dans Paris à un rythme soutenu.
publié le 2 septembre 2006 à 23h08

Elle connaît Paris aussi bien qu'un chauffeur de taxi. Bondit de sa voiture, ouvre rapidement le coffre, saisit sa sacoche, marche à grands pas vers l'immeuble, sonne à l'interphone : «Bonjour, c'est le docteur...» Vanessa Surget-Chapuis, 33 ans, est médecin. Elle fait partie des 45 généralistes qui composent le service des Urgences médicales de Paris (UMP), des libéraux qui interviennent uniquement au domicile des patients, dans Paris et sa petite couronne.

C'est un petit bout de femme au visage juvénile, à l'allure sportive. «C'est vous le docteur ?» demandent souvent les patients en la voyant arriver, comme saisis d'un doute. Poignée de main énergique, Vanessa s'impose dans l'entrée de cet appartement cossu du Ve arrondissement. «Alors madame, que se passe-t-il ?» La patiente est une belle femme âgée, déshabillé noir noué autour de la taille, cigarette à la main. Sa voix articule lentement : «Il se passe qu'en partie je m'affole. Mon mari est mort l'an passé.» Vanessa écoute le coeur, prend la tension, palpe le ventre. Tout semble normal. Un pistolet à la crosse en bois ouvragée est posé sur un tabouret cerné de livres. Ceux de son mari, écrivain. Sa veuve se dit «rétamée depuis plusieurs jours, les jambes coupées, sans appétit». La généraliste lui prescrit un «anxiolytique léger» et l'invite à mettre le nez dehors : «Vous habitez un beau quartier, profitez-en.» La visite a duré moins de dix minutes.

De retour dans sa voiture