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Libération

Chimio : la boule à zéro, le moral aussi

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publié le 11 septembre 2006 à 23h14

Marie est menue, sans âge, plus amaigrie encore par six mois de chimiothérapie. La voix se brise. «C'est un désespoir, je ne peux plus me regarder dans la glace.» Une demi-seconde, elle soulève sa perruque brune. On entrevoit un autre visage, réduit à un petit crâne hérissé de rares poils. «Ça m'a anéantie tellement loin, je me dégoûte, c'est une dégradation qui vient se surajouter au cancer.» Pour elle, comme pour beaucoup des 120 000 personnes confrontées chaque année à une perte des cheveux lors d'une chimiothérapie, cette alopécie tourne à la catastrophe. «Je n'arrive pas à me dire que ça va repousser», souffle Marie. Elle a 52 ans. Impossible pour elle de se projeter dans un mieux.

«La menace létale, incluse dans le cancer, bouleverse toute inscription dans le futur», observe Chloé Bungener, sociologue à l'Institut national du cancer et auteur d'une étude sur la souffrance liée à la perte des cheveux. A la suite de ce travail, l'Institut s'apprête à diffuser une brochure pour dédramatiser le problème, tandis que l'assurance maladie vient d'améliorer le remboursement des perruques (lire ci-dessous).

«Un coup plus violent que l'ablation»

Certaines femmes vont enlever les miroirs. D'autres refuser les traitements. «C'est arrivé, confirme le Dr Marc Espié, directeur du Centre des maladies du sein à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Les cheveux sont un attribut majeur de séduction, voyez la pub à la télé, c'est omniprésent, la beauté des cheve