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Libération

Le petit oiseau va s'enfuir

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Jardin. Un CD, concocté par l'Inra, distille des cris de peur des volatiles pour mieux les faire déguerpir.
publié le 19 septembre 2006 à 23h20

Si vous avez des envies de chevrotine, de piège à glu, de lance-pierres, de sarbacane, de flèche empoisonnée, sur tout ce qui vole, n'écoutez pas Ornithofuga (1). Ce disque est un cauchemar sonore, un appel au dézingage généralisé du genre à plumes. Et pour cause, il est composé exclusivement de vingt-cinq enregistrements de cris de trouille d'oiseaux.

Pas des chants mélodieux de piafs du salon de mamie mais des vrais cris de détresse de sauvageons à bec : freux, geai, choucas, corneille, moineau, étourneau... tous ont été enregistrés par le laboratoire de comportement acoustique animal de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). La peur au jabot, ils croassent, piaillent, craillent, jasent, zinzinulent, jacassent. Tout cela dans le but de protéger votre carré de fraises, de préserver votre bouquet de cerisiers. Car, comme il est écrit dans le sous-titre, Ornithofuga est un disque d'«effarouchement acoustique des oiseaux».

Plutôt que de s'en remettre au catalogue Verney-Carron pour s'offrir un deux-coups à canon juxtaposé, Ornithofuga suggère une stratégie moins carnassière reposant sur le comportement naturel de nos ennemis les piafs : quand ils entendent les cris de détresse de leurs congénères, les oiseaux ont une tendance naturelle à prendre le large. Le principe est à l'oeuvre depuis des décennies le long des pistes d'aéroports où des haut-parleurs repoussent les candidats au rôtissage en turboréacteurs. Et évitent ainsi quelques