Ça débute par un paradoxe. «La solitude, il faut être deux pour la percevoir. Les gens ne mesurent leur propre solitude que lorsqu'ils en sortent», souligne France Souetre-Rollin, bénévole au département enquête du Secours catholique. Et pour en sortir, il faut quelqu'un à qui parler. Parler, c'est ce qu'ont fait les enquêteurs du collectif Combattre la solitude (Croix-Rouge, Secours catholique, Fonds social juif unifié...) créé après la canicule de 2003 qui a occasionné plus de 15 000 décès en France, même si la plupart sont morts en institution. Un questionnaire a été distribué à un échantillon de 5 000 personnes de plus de 65 ans. Et des entretiens prolongés ont permis d'approfondir la question. Les résultats ont été présentés hier.
«Confinement». Quelqu'un avec qui échanger, ça ne va pas de soi. 18 % des personnes âgées consultées passent des journées entières à ne rien dire à personne. «Je voudrais quelqu'un, même pour me parler de n'importe quoi», dit cette dame.
Premier enseignement de l'étude : entre 79 et 83 ans, l'isolement constitue un risque majeur. Les gens sont souvent confrontés, dans ces âges, au décès du conjoint. De plus la vitalité et l'intégrité physique diminuent. Hommes et femmes ne traversent pas cette période de façon identique. Elles entrent en relation plus facilement. Ils sont plus renfermés. Les enquêteurs ont mis en évidence le «confinement à domicile». D'autant que l'absence de banc dans les rues ou l'ascenseur inexistant dan