«On ne travaille jamais le 1er avril !» Il est vrai qu'un coup de fil annonçant qu'un parent inconnu vous lègue 1,9 million d'euros peut être pris pour un canular. «Mais il s'agit bien sûr d'un record, tempère en riant Damien Gérard, généalogiste successoral chez Coutot-Roehrig, le plus gros cabinet de la profession (1). La moyenne des dossiers avoisine les 30 000 euros.» En prise directe avec l'évolution de la famille, son métier est en plein essor depuis une vingtaine d'années. «Autrefois la société était sédentaire, analyse-t-il. Grosso modo, tout le monde naissait, se mariait et mourait au même endroit. Les questions d'héritage étaient simples.» Mais les moeurs ont changé. Vies plus longues, concubinages, unions libres ou familles monoparentales ont fait voler en éclat les schémas classiques : 40 % des enfants naissent hors mariage. Les divorces sont monnaie courante et la solitude des personnes âgées ou la mobilité professionnelle ont encore accentué les cassures familiales.
Fantômes. Dans la plupart des cas, c'est le notaire liquidateur qui mandate ces généalogistes. Pour établir l'ordre de succession, s'assurer de l'identité des héritiers, retrouver leur adresse, voire rechercher d'éventuels enfants naturels lorsqu'il existe un doute sur la fidélité du défunt. Commence alors une traque s'apparentant à un travail de détective. «Il s'agit de véritables enquêtes, explique François Stalin, directeur de