Bouteilles de mousseux et flûtes en plastique dans les mains, confettis et cotillons pleins les poches, une vingtaine de jeunes sont tapis dans l'escalier en colimaçon d'un immeuble du IIIe arrondissement de Paris. Dans la cour, l'un d'eux a installé un écriteau : «Ici studio coquet, 15 m2, 660 euros». C'est la visite, organisée par le propriétaire des lieux, des candidats à la location sont déjà à l'intérieur. Soudain, bousculade dans les escaliers, les bouchons de liège s'envolent, le lecteur CD hurle It Is So Crazy ! («c'est tellement dingue») : les jeunes envahissent ce minuscule appartement. Des confettis pleins les cheveux, ils trinquent «à la bulle immobilière qui va éclater», dansent entassés les uns sur les autres et déclament, très comédiens : «Comme c'est spacieux ! Et lumineux ! Et hyper-abordable !»
Boas rouges. Le collectif Jeudi-noir vient encore de frapper. Ce sont des étudiants et des jeunes salariés qui s'invitent par surprise dans des appartements à louer, «pour y faire la fête puisqu'on ne pourra jamais se les payer», explique Julien, 26 ans, l'un des membres fondateurs. Ils ont choisi le nom de Jeudi-noir en référence au krach boursier de 1929 ainsi qu'au jour de parution de l'hebdomadaire de petites annonces immobilières De particulier à particulier. C'est dans ses colonnes qu'ils repèrent leur cible : une annonce «vraiment scandaleuse». Puis, via leur site Internet (1), donn