Les femmes sont décidément des manipulatrices : à 85 %, elles déclarent que leur nouveau-né ressemble au père. En toute bonne foi, et de manière inconsciente, elles rassurent ainsi l'homme sur sa paternité. Cette turpitude maternelle était connue depuis 2000, mais aujourd'hui des chercheurs français montrent de manière objective que, non seulement cette ressemblance n'est pas avérée, mais qu'en plus, jusqu'à un an, le bébé tient davantage de sa mère.
L'originalité de cette nouvelle étude, réalisée sur 83 enfants par Alexandra Alvergne, de l'Institut des sciences de l'évolution (1), est de s'intéresser de près à quatre tranches d'âge entre 0 et 6 ans et de constater que les ressemblances changent, évoluant selon l'âge et le sexe.
«Juges» bénévoles. Alexandra Alvergne a mené son enquête en France et au Sénégal. Elle s'est rendue dans les maternités pour trouver des nouveaux parents volontaires, et a recruté les parents de jeunes enfants dans la rue. «Pas facile.» Puis, elle a constitué une équipe de 200 «juges» bénévoles, hommes et femmes de tous âges : elle leur présentait une photo d'enfant surmontée de photos de trois pères potentiels dont le vrai (voir ci-dessus), et la même photo avec, cette fois, trois mères potentielles. Au juge de trouver le vrai parent. Avec forcément une chance sur trois (33 %) de tomber juste. Première constatation : les «juges» réunissent davantage les enfants à leur parent plutôt qu'à un étranger. Voilà qui rassure sur les lois de la génétiq