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Libération

La fracture sexuelle des toilettes publiques

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Des queues chez les femmes, fluidité chez les hommes... Pourquoi tant d'inégalité?
publié le 25 novembre 2006 à 0h14

On ne peut pas non plus tout expliquer par l'échappée systématique d'un car de Néerlandaises surgissant aux toilettes de la station-service juste avant vous et vous mettant une bonne demi-heure d'attente dans la face. Au musée, au restaurant, dans les grands magasins, partout la queue aux «vécés femmes» s'allonge inexorablement, ces dames l'une derrière l'autre, tandis que ces messieurs entrent et sortent à grande vitesse d'un air jovial (en se reboutonnant souvent gaillardement à la sortie, ce qui en dit long sur le lavage de mains, mais c'est une autre affaire).

Mais pourquoi diantre cette incroyable inégalité dans la file, demanda-t-on lors d'un dîner mondain. Mais, idiote, nous fut-il répondu, c'est parce qu'elles y restent plus longtemps, non ? Si, évidemment, c'est un argument, on n'y va pas plus souvent (sauf enceinte) mais on y passe plus de temps. Très précisément, selon un émérite universitaire américain, Alexander Cornell, hélas décédé mais qui a pu nous laisser l'oeuvre d'une vie, trente-neuf secondes pour les hommes et quatre-vingt-neuf secondes pour les femmes. Soit 2,3 fois plus longtemps, ce qui est dû, entre autres, à l'anatomie : trouver où poser son sac de dame, s'assurer de l'état de la cuvette, voir si on s'y assied ou pas, s'il faut l'essuyer ou pas, baisser le pantalon ou relever la jupe, baisser le collant ET la culotte, bricoler ses petites affaires de menstrues le cas échéant, s'essuyer, se rhabiller, bien souvent se débrouiller en plus avec un enfan