Un miroir dissuasif, persuasif... ou juste répressif ? François Ascher, auteur du Mangeur hypermoderne (Odile Jacob, 2005) et professeur à Paris-VIII, réagit au concept de «captologie» et à cette nouvelle manière de lutter contre l'obésité, jouant sur la peur de l'avenir et la culpabilisation.
«On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un canular, c'est assez terrifiant. On est dans le plus pur fantasme de science-fiction. Pourquoi ne pas ajouter des images subliminales pour mieux "persuader" ? Par ailleurs, on peut émettre des réserves sur les dimensions proprement scientifiques et techniques de ce dispositif. Le vieillissement est quelque chose de complexe qui ne dépend qu'en partie de l'environnement et du contexte. Pour ce qui est de la lutte contre l'obésité, rappelons simplement que la lutte individuelle et non encadrée contre le surpoids entraîne beaucoup de dégats biologiques et psychiques : mauvais régimes, régimes commencés et pas terminés, restrictions alimentaires chaotiques, etc. La désignation de l'obésité et du surpoids comme un "mal" a des effets sociaux importants car ils sont visibles. C'est une forme de stigmatisation, désignant de fait les gros comme des gens inconscients et incapables de se maîtriser. On risque de passer assez vite de la responsabilisation individuelle à la culpabilisation. On entend aussi déjà dire que, puisque l'obésité coûte cher, les gros sont coupables vis-à-vis de la société. De là à les taxer, il n'y a qu'un pas. Heureusement,