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Libération

Onfray déclare la revanche des légumes oubliés

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publié le 15 décembre 2006 à 0h30

Argentan (Orne) envoyée spéciale

Roi d'un soir, à Argentan, le cardon a réuni plus de 500 personnes, lundi dernier, dans la salle des fêtes de la sous-préfecture de l'Orne. Oubliée, délaissée, cette plante aux tiges épaisses couvertes de longues feuilles, cousine selon certains de l'artichaut, a connu son retour en grâce. Il est vrai que les deux maîtres de cérémonie étaient le philosophe Michel Onfray, enfant du pays, et le chef doublement étoilé de l'hôtel Crillon, Jean-François Piège. Michel Onfray, créateur de l'Université populaire de Caen, veut désormais lutter contre «la fracture alimentaire qui touche les corps» et «apprendre à cuisiner les produits frais de qualité pour générer du lien social, familial, amical, par le repas transformé non pas comme une corvée nutritionnelle, mais une jubilation existentielle». Jean-François Piège, lui, a concocté une soupe gratinée de cardons avec croûtons à la moelle. C'est l'inauguration de la première université populaire du goût, mensuelle, gratuite et ouverte à tous. Pas de casseroles pour une telle foule, mais chacun a son calepin et prend des notes.

D'abord, histoire de nourrir les esprits, la théorie. Au micro, Evelyne Bloch-Dano, agrégée de lettres modernes et écrivaine. Longtemps «parents pauvres de la gastronomie», les légumes ont été réduits au rôle de décoration et de faire-valoir. Puis ils ont été vus comme luxueux, dans les pays développés : «Le léger opposé au lourd. D'un côté, le haricot vert,