Objectivement, il y a des objets intrinsèquement superénervants. Par exemple un meuble Ikea en kit qui, irrémédiablement, se mue en ennemi. Mais que ces objets soient à usage collectif, en particulier du couple, et les voilà transfigurés en plaies des ménages ! Objet de scènes et petites phrases peu amènes, du genre : «Ses machins (clefs, clous, stylos, papiers), il les pose toujours sur la table de la salle à manger» ; «sa serviette, il la chiffonne toujours en boule» ; «le lavabo, il le nettoie jamais» ; «la cuvette, il pisse à côté et ne l'essuie pas.» Sérieux ? Grave ? Assez en tout cas, pour alimenter du moins en partie le dernier pavé (dans la vie quotidienne) du sociologue Jean-Claude Kaufmann (Agacements, les petites guerres du couple (1)). Rien que des truismes ? Ça va toujours mieux en les vérifiant, ce que Kaufmann a fait auprès d'un échantillon de cinquante humains. Avec, le plus souvent, des femmes en grandes organisatrices responsables (merci les millénaires d'histoire), et la plupart du temps des hommes en idéologues de la décontraction (hors quelques microspécialisations, telle la gestion du barbecue) qui se débattent avec des répliques du style : «Mais tu me l'as jamais dit ! Si tu le dis pas on peut pas savoir.» Ou : «Mais repose-toi ! Tu en fais trop.» Entretien avec l'auteur autour d'une sélection des pires objets (par ordre croissant) du désordre amoureux.
Les clés de la discorde
«Dans la plupart des f