Bordeaux de notre correspondante
Un mois, déjà, que Stéphanie est dans sa chambre d'hôpital. Et elle ne rentrera pas avant au moins une bonne semaine. Venue de La Rochelle pour être suivie au centre de lutte contre le cancer à Bordeaux, elle se sent loin. Et un peu seule. A 31 ans, elle vient de subir une opération difficile à l'abdomen, après une nouvelle récidive de la maladie. Sa voix est douce : «Ça fait du bien quand on nous chouchoute. Moi qui n'ai pas du monde tout le temps, c'est un réconfort, et ça permet de discuter.» Au bord du lit, Eve Lapouge enduit sa main de crème et masse consciencieusement la paume, puis les doigts, un à un. «Un masque coup d'éclat ?»«Bien sûr.»
Eve est «socio-esthéticienne» : elle travaille à mi-temps avec les malades du cancer. En plus de son cursus initial dans le domaine de la beauté, elle a suivi une formation unique en France, dans une antenne du CHU de Tours, afin de pouvoir intervenir auprès des personnes souffrantes et fragilisées. Une profession qui existe depuis une vingtaine d'années, mais qui commence seulement à faire des émules. Et à être prise au sérieux. «Je soigne autrement, explique la jeune femme. Je soigne l'apparence.» Mocassins roses, assortis à son petit chariot, et liseré pastel sur la blouse, elle officie depuis sept ans à coup de gommages et de manucures, pour aider les patientes à renouer avec leur image. Tout est gratuit.
Gloss et fard. «Une bonne mine, c'est trompeur, mais ça