Menu
Libération

L'intégration chinoise, affaire de prénoms

Article réservé aux abonnés
publié le 17 février 2007 à 6h10

Nicolas, Céline, Simone, Régine, mais aussi Kevin ou Winnie : à la différence des autres enfants de migrants, tous les petits Chinois nés en France portent des prénoms bien français. S'ils étaient nés en Italie, ils porteraient des prénoms italiens, et, en Bulgarie, des prénoms bulgares. Grâce aux enfants, on peut donc reconstituer le parcours migratoire des familles. Pourtant, le choix d'un prénom autochtone n'a rien d'évident. Qu'est-ce qui motive de nommer son fils Etienne plutôt que Pierre lorsqu'on ignore la langue du pays d'accueil et qu'on ne fréquente quasiment pas de Français ? Est-il possible de désigner son enfant par une association de sons arbitraire ? Léo, un Chinois trentenaire parlant parfaitement le français, hausse les épaules : «Quelle importance ? De toute manière, en France, les prénoms ne veulent rien dire. Ce n'est pas comme en Chine, où chaque idéogramme a une signification précise. Qu'indique Thomas, par exemple ? Rien !» La vacuité des prénoms français, qui ne renseignent ni sur le caractère de l'enfant ni sur son rang dans la famille, susciterait presque sa colère. Sa femme va bientôt accoucher d'une petite fille. Lorsque sa collègue, chinoise également, lui suggère Alice, «parce que c'est facile à dire», Léo lui rétorque qu'il choisira en fonction du calendrier. Puis se ravise : sa fille s'appellera... Léa.

Hommage. Qu'ils vivent en France depuis dix ans ou quelques mois, qu'ils soient parfaitement insérés ou qu'ils n'aient pas de tit