Charlotte : Quand on dit qu'on a eu un cancer du sein, même des années après, c'est toujours un pavé dans la mare. Ça crée un étonnement, une gêne. De façon générale, dans cette maladie, c'est à soi de gérer la gêne des autres.
Ce dont l'auteure ne parle pas, c'est du regard que peut poser un homme dans l'intimité. Quand on est habillée, on ne voit rien. Mais avant de se déshabiller, il faut le lui annoncer et là, ça peut être chargé.
Charlotte: Mes toubibs étaient sympas. Je ne me suis jamais sentie une patiente parmi quinze.
Laure : Je n'avais pas du tout envie d'être opérée, alors quand les médecins m'ont dit qu'il n'y aurait pas d'intervention, j'ai fondu en larmes. Ils ont pris le temps de ne pas m'interrompre. Ensuite, comme j'avais repris des études, c'était plutôt moi qui leur demandais si le calendrier des traitements pouvait coller avec mes examens à la fac.
Charlotte : Faire face, se battre... Mais ça veut dire quoi se battre ? Ça reflète bien notre société où il faut penser positif en permanence. C'est très dur et artificiel de s'imposer cela. Il faut aussi accepter qu'il y ait des moments où on craque.
Laure : A part quelques épisodes, je n'ai pas de souvenir de souffrance. Pendant les traitements, je ne me sentais pas plus malade que pour un accouchement.
Charlotte : Sur le moment, je n'en ai rien eu à foutre des autres. C'était moi d'un côté, le reste de la planète de l'autre. On sort dans Paris où la vie continue, et on se demande pourquoi elle ne s'arrête pas pour