Naguère, on aurait dit «coquette». Aujourd'hui, on entend «ma fille, c'est une lolita». Dans la bouche de la mère qualifiant ainsi sa gamine de 8 ans, il s'agit d'un compliment. La référence à l'héroïne de Nabokov est oubliée. Le marketing, lui, exploite toute l'ambiguïté du terme, en flattant les filles prépubères. A qui on proposera, par exemple, des tee-shirts marqués «Flirt» ou des strings taille fillette. Une manière de les érotiser comme le sont de plus en plus leurs aînées dans la publicité comme dans les médias ? C'est du moins ce que dénonce l'Association américaine de psychologie (APA) dans un rapport paru le 19 février et intitulé «la Sexualisation des filles» (1). Autrement dit, quand «la valeur d'une personne se fonde exclusivement sur son sex-appeal». Selon les psychologues de l'APA, le phénomène «prend de l'ampleur et est dommageable pour les filles». Se gardant de jouer les pères la pudeur, les chercheurs distinguent les âges : «Ce qui est inapproprié pour une enfant de 6 ans peut être normal pour une lycéenne.» Dirigé par Eileen Zurbriggen, le groupe a passé en revue près de 300 études publiées depuis deux ans sur la culture de masse américaine. Là où, malgré le puritanisme ambiant, foisonnent les concours de minimiss, encouragées à aguicher en battant leurs faux cils. Le constat interpelle d'autant que les exemples américains tendent à se répandre, culture mondialisée oblige. Extraits du rapport.
Clips : le corps en fragmen