Les deux prétextes idéaux étaient réunis. D'un côté, la tenue, ce samedi soir, de la Nuit élastique, le rendez-vous de référence de la scène fétichiste parisienne (1). De l'autre, la clôture d'un «hiver foisonnant, un pur régal pour l'amateur de bottes». Bref, l'occasion était rêvée de donner (enfin) la parole à Joël Fauré, «amoureux de la botte» et fidèle lecteur habitué du standard de Libé.
Au début de l'automne, son ton s'était fait pressant. Joël, oubliant presque sa courtoisie habituelle, exultait : «ça y est, c'est l'explosion. Elles sont partout !» Heureux comme un fétichiste comblé, Joël était devenu intarissable. A bientôt 45 ans, cet agent administratif d'un ministère et rédacteur en chef du fanzine A propos de bottes ne se fait pas prier pour donner son explication de la mode actuelle et livrer le secret de sa propre addiction.
Pourquoi tant de bottes ?
«J'attendais le retour des cuissardes depuis les années 70, soupire Joël, qui n'aime rien tant que le cuir remontant à mi-cuisses. Je crois qu'elles avaient disparu à cause d'une certaine pudeur, liée à la connotation sexuelle des bottes hautes. Mais, aujourd'hui, les femmes ont trouvé la parade : elles les portent par-dessus leur jean, ce qui évite la jupe trop courte et l'aspect ouvertement aguicheur.» D'après Joël, qui assure avoir interrogé de nombreuses amies, l'intérêt de la botte est ce «petit sentiment de domination» particulièrement jouissif. «Quand e