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Libération

«Si je croise un chauve, c'est un bon présage»

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Que signifient les rituels de pensée magique, ces petites obsessions personnelles ? Rien de grave, quoique...
publié le 29 mars 2007 à 6h53

Quand Laurent, 39 ans, PDG d'une entreprise de communication, entre dans une pièce inconnue, il s'arrange pour toucher les deux extrémités du radiateur. «C'est pour installer une bonne ambiance dans le lieu, faire que les choses s'y passent bien.» Quand Julie, 29 ans, avocate, quitte le matin son immeuble parisien, elle traverse sa rue le plus vite possible, en courant. «Même s'il y a des voitures. Je dois réussir cette épreuve pour passer une bonne journée.» Quand Christophe, 32 ans, musicien, enregistre en studio, il retient parfois sa respiration pendant toute une prise. «Si j'y arrive, c'est sûr, ce sera la bonne.»

Absolue conviction. Superstitieux, lunatiques, aliénés ? Difficile, a priori, de partager l'absolue conviction de Julie que, «si on croise au moins un chauve en allant au bureau, c'est très bon présage». Pourtant, qui ne s'est jamais, enfant, obstiné à ne surtout pas marcher sur les lignes formées par les dalles du trottoir ? Qui n'a jamais éprouvé, après l'atterrissage réussi d'une boulette lancée à distance vers une corbeille à papier, une intense satisfaction démesurée vu l'enjeu ?

Simple bonheur de savoir bien viser ? Ou illusion joyeuse de parvenir, l'espace d'un instant, à maîtriser le non-maîtrisable ?... Une chose est sûre : entre la croyance superstitieuse classique, type chat noir, et le trouble obsessionnel compulsif (toc) (1), existe un domaine souvent secret, mais néanmoins universel : celui des r