Menu
Libération

Ces tribus qui se défilent à l'heure du mobile

Article réservé aux abonnés
publié le 5 avril 2007 à 7h02

C'est parti, comme souvent, d'un dîner entre bobos du XIe, tariquet et rillettes de sardines pimentées, conversation portant sur une hypothétique mise en relation d'un tel avec un autre en vue d'un hypothétique rendez-vous professionnel. «T'auras qu'à me filer ton numéro de portable, demanda-t-on, je t'appelle demain.» Incroyable réponse du gars : «J'ai pas de portable...» Hein ? Quoi ? On invoqua l'alcoolémie, une provocation chez ce CSP + quadragénaire, rien n'y fit : la personne ne possédait vraiment pas de téléphone portable. Et force fut de constater que presque chacun d'entre nous connaît un être humain qui, à l'heure où nous écrivons ces lignes, ne possède pas l'outil totalement indispensable et absolument superfétatoire, «une bien belle création du capitalisme triomphant», ricanait un militant (professeur de philo tendance marxiste). Aussi s'interroge-t-on : qui, de nos jours ultracommunicants, n'a pas de téléphone portable ? Y aurait-il une tendance rebelle ? «Parmi la population âgée de 18 ans et plus, le taux d'équipement est de 74 %», explique Franck Delpal, chargé d'études au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) et coauteur du baromètre annuel sur la diffusion des technologies de l'information en France (1). Par classe d'âge, ça donne 97 % d'utilisateurs d'un mobile chez les 18-24 ans, contre 91 % des 25-39 ans et 77 % pour les 40-59 ans. Il n'y aurait donc que quelques centaines de m