A l'heure de la transhumance pascale vers la montagne, la mer, la campagne, parfois les trois en un, à l'heure des longues cohortes automobiles migrant vers les mêmes endroits, à l'heure où on s'engueule dans des trains bondés en se demandant bien ce qu'on fout là, un court mais passionnant ouvrage entreprend de fournir la réponse. La Maison de campagne : une histoire culturelle de la résidence de villégiature XVIIIe-XXIe siècle (1) de Marc Boyer, agrégé d'histoire et spécialiste du tourisme, explique la naissance de l'idée même de villégiature, du XVIIIe siècle et de la révolution touristique anglaise au néoruralisme actuel, en passant par le XIXe et l'expansion élitiste de la maison de campagne. Du coup, les embouteillages ont une autre gueule, on fait partie de l'Histoire avec un grand H.
Vous dites que la villégiature est un phénomène socio-culturel inventé ?
La villégiature existe déjà chez les Romains, qui se font construire au milieu de leurs domaines de rapport des «villas» de grand luxe : Cicéron et Pline avaient une résidence en Campanie, où se reposer des tracas de Rome. Au XVIe, les puissants de la Renaissance italienne s'en souviennent, découvrent la campagne et ont l'idée de s'y établir en villégiature. Voluptas et commoditas sont les objectifs du bon architecte (Palladio en l'occurrence), la villa à la campagne doit allier plaisir et confort. Je vous raconte tout ça parce que vers 1700, l'aristocratie britannique innove en pédagogie, en envo