En pleine rue. Sur le trottoir. Devant des enfants. Huit pattes velues, tendues, elles tremblent. Ou plutôt deux fois quatre, à mieux y regarder. Copulation canine, exhibitionnisme caractérisé. Tout autour, des taches vertes, roses, blanches : les arbres bourgeonnent. Les oiseaux pépient dès les premières lueurs du jour. La nuit, les chats prennent le relais et hurlent à en réveiller des nonnes. C'est le printemps, la nature tout entière copule allégrement urbi et orbi. Et nous, on a comme des envies de faire «cuicui» aussi, de ramper dans des gouttières ou de se mettre à quatre pattes sur le trottoir. Furieux accès de lubricité qu'on aimerait excuser en invoquant la science, les hormones et Darwin. Et un bon vieux lieu commun, tant qu'à faire : c'est la saison des amours, on n'y peut rien si on ne pense qu'à ça. Sauf que ça ne marche pas. Quoique...
Etat de grâce. «L'espèce humaine est celle dont la sexualité est la plus déconnectée de la reproduction, et donc des cycles hormonaux, explique Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France (1). Seuls les bonobos et les hommes ont le pouvoir d'être motivés par la simple recherche du plaisir. Les autres doivent s'en tenir au cycle d'ovulation des femelles. Celui-ci est strict quand les saisons sont marquées : les petits doivent venir au monde quand la nature peut leur offrir de quoi s'alimenter.»
Tout de même, l'impression subsiste : la libido a bizarrement l'air de se réveiller avec le printemps... Le