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Interview

«Ce sont les femmes qui en seront les victimes»

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Pour Jacques Lansac, obstétricien à Tours, ce kit est condamnable car il peut «accentuer la discrimination contre l'un ou l'autre sexe».
publié le 18 mai 2007 à 7h49

Un kit ADN pour connaître le sexe du foetus à six semaines, évidemment, on peut se dire naïvement que ça permet de préparer la layette bleue ou rose bien à l'avance. C'est aussi et surtout un facteur de discrimination sexuelle, avec élimination des filles à la clé, comme c'est le cas pour plusieurs milliers de foetus par an dans le monde. Qu'en pense la profession en France ? L'avis du professeur Jacques Lansac, gynécologue obstétricien au CHU de Tours, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français.

«Ne soyons pas hypocrites, il semble net que ce kit serve à choisir le sexe de l'enfant. C'est acceptable s'il s'agit d'une maladie génétique grave liée au sexe (hémophilie, myopathie), mais inacceptable si c'est pour éliminer un enfant dont le sexe ne convient pas. Une fois de plus, ce sont les femmes qui en seront les victimes. Les gynécologues obstétriciens sont là pour aider les femmes dans leur vie reproductive, et pas pour les supprimer in utero.

«La question s'est posée à la Fédération internationale de gynécologie obstétrique (Figo). On le sait, l'Inde et à la Chine pratiquent l'avortement sexué à grande échelle, et près de 100 millions de filles ne sont pas nées du fait de cette pratique. Le gynécologue obstétricien peut-il accepter cela au nom de la pression sociale de coutumes ancestrales ? La réponse est clairement non. Les gynécologues obstétriciens réprouvent toute discrimination à l'encontre des femmes, tout comme l'usage de techniqu